Cérémonie de juin

Maîtresse Akina m’a demandé de faire le récit de cette cérémonie que, dans sa grande bienveillance, Elle a consenti à partager avec moi.Je m’y soumets bien volontiers en espérant ne point trahir l’esprit de ce moment magique et, ainsi, répondre à Son attente.

J’ai donc quitté mon domicile, le jour J, à l’heure dite, qui, prenant en compte le temps de route ainsi que les éventuels impondérables, me permettait de me présenter à celle qui était prescrite à la porte du donjon.

Avec Maîtresse Akina cependant, il convient de ne pas confondre vitesse et précipitation ; une fois encore je fis les frais de mon impatience à rejoindre ma somptueuse et non moins exigeante Geôlière.

C’est ainsi que j’arrivais à destination trois-quarts d’heure en avance sur l’heure du rendez-vous et garais mon véhicule sur le premier parking venu. Au lieu de sagement laisser le temps surnuméraire s’écouler au fil, par exemple, d’un exercice de respiration susceptible d’atténuer un peu le trac qui me colonisait depuis la veille, j’envoyais un texto à Maîtresse Akina pour lui signaler que j’étais d’ores et déjà à sa disposition.
La réponse ne tarda pas :
Tu es en avance. Tu attends.

Tout soumis de cette grande Prêtresse du BDSM sait, par expérience, que cette forme de réponse est des plus redoutées, de celles qui plongent immédiatement dans un abîme de perplexité et d’inquiétude, abîme qui conduit souvent, par fébrilité, à commettre d’autres bévues.
« Tu es en avance » indique clairement qu’une faute a été commise ; qui dit faute dit punition et qui dit punition, avec Maîtresse Akina, dit « vraie » punition, celle dont le corps et l’âme se souviennent très bien en général pour ne point risquer, par le même travers, d’en subir une nouvelle. Premier élément de pression supplémentaire.

« Tu attends » sonne comme un ordre, bien sûr, mais aussi comme l’introduction d’une longue séquence de grande solitude rien moins que très inconfortable : je ne sais pas combien de temps va ou doit durer cette attente ni surtout comment je saurai qu’elle peut prendre fin. Dois-je attendre qu’un nouveau message de Maîtresse Akina m’invite à rejoindre son antre ? Dois-je attendre le temps qui me permettra de m’y présenter à l’heure précédemment convenue ? Et dans cette seconde hypothèse, dois-je d’abord demander la permission de m’y rendre ou dois-je simplement y aller ? Il est bien évidemment inutile d’interroger le Grande Dame qui sait pertinemment dans quelles affres de perplexité Elle m’a plongé. Deuxième élément de pression supplémentaire.

J’opte prudemment pour le respect à la lettre de la consigne donnée : j’attends. J’attends en me livrant aux exercices de respiration précédemment envisagés ainsi qu’à l’écoute distraite de France Musique et de la pluie tapotant la tôle de la voiture.

Au bout d’une heure, un message de Maîtresse Akina arriva :
– Eh bien ? Qu’est-ce que tu fais ?
– J’attends Maîtresse comme Vous me l’avez demandé.
– Pffff ! Tu devais attendre l’heure du rendez-vous pour te présenter au donjon comme prévu ! Ça fait un quart d’heure que, moi, je t’attends. Tu as cinq minutes pour te présenter.
– Bien Maîtresse.
– Quand tu es là, inutile de le signaler. Tu entres dans le jardin, le portillon n’est pas fermé à clé, et tu attends à genoux devant la porte du donjon.
– Bien Maîtresse.

Sans perdre une seconde de plus, je m’exécutais.

La pluie n’avait pas cessé et c’est sous un déluge à présent que je patientais en position réglementaire, à genoux, mains dans le dos, dos bien droit dans le prolongement des cuisses, yeux baissés, immobile. Je ne sais combien de temps je restais ainsi mais lorsque la porte du donjon s’ouvrit et que Votre divine voix, Maîtresse Akina, m’invita à y pénétrer en marchant à quatre pattes, j’étais complètement trempé et mes genoux me faisaient horriblement souffrir.

Dès que je fus en Votre présence, magnifique Dompteuse d’esclaves, je m’allongeais de tout mon long pour Vous baiser les pieds et Vous présenter, comme il se doit, mes hommages. Bien qu’ayant gardé tout ce temps les yeux baissés, j’entraperçus le chavirant glacis noir de Votre tenue. Vous arboriez un combishort en lycra qui épousait Vos formes canoniques, Votre taille étaient ceinte d’un étroit corset de cuir et Vos jambes sans fin étaient gainées de Vos hautes cuissardes Fernando Berlin. Comme toujours, Vous étiez d’une féline beauté à couper le souffle et à faire battre le cœur, deux symptômes qu’il vaut mieux maîtriser pour ne pas risquer l’infarctus. Les images, je crois, ne trahiront pas mon propos.

Ordre me fut donné de gagner, toujours à quatre pattes, le cabinet de toilette pour me déshabiller, me doucher et me vêtir d’un body-corset de cuir que j’étrennais, de bas et des cuissardes vernies que Vous me prêtiez.

Au sortir du cabinet de toilette, tout à la délicieuse sensation de ces contraignants atours et de la troublante androgynie qu’ils façonnaient, ma Reine Vous me fîtes me relever pour resserrer fermement mon corset, me passer un masque de cuir et me positionner sous le portique de métal. Les cordes entre Vos mains expertes commencèrent à œuvrer et mes membres à perdre peu à peu leur liberté de mouvement pour, en très peu de temps, ne plus pouvoir s’adonner qu’à de légers balancements d’avant en arrière et sur le côté. Les jambes étaient maintenues écartées et les hauts talons rendaient la posture fort inconfortable. Ce qui n’était pas pour Vous déplaire, je le vis dans Votre regard, ma cruelle Tourmenteuse. Au placement et à la posture choisis je compris vite que la cérémonie débuterait par LA punition en bonne et due forme. En effet, après un court échauffement au paddle, le fouet prit le relais pour cinquante coups dont vingt très appuyés. Tarif minimal, heureusement (nous savons tous, sujets de la divine Souveraine, que le montant peut aisément atteindre deux cents pour faute grave), correspondant au nombre de minutes que Vous me dîtes avoir perdues à cause de ma désinvolture à respecter les règles. Si, ainsi pris à froid, je ne puis raisonnablement dire que, en bon masochiste, je jubilais sous le cinglant outil, je dois confesser que le plaisir que je lisais dans Vos yeux, ma Déesse de cuir, à dispenser le châtiment m’aidait à accueillir la souffrance avec gratitude.

La peine exécutée, j’eus droit cependant à la salve complémentaire dite « du mur du son », c’est-à-dire une espèce de coup de grâce délivré avec une intensité et une vitesse stupéfiante ; la douleur irradie le corps avant que le fouet n’ait produit son claquement. Une espèce d’épiphanie extatique. Pour le prix d’un d’ailleurs, j’en reçus deux.
– Merci Maîtresse.

Pendant que je reprenais mes esprits et mon souffle, Vous me détachâtes et me conduîtes  près de la table médicale pour débuter un nouveau bondage.

Les images montrent mieux que je ne saurais le faire en mots ce que furent ces deux « hogties » successifs.

Je dirais juste l’intense jubilation à se sentir, dans une communion quasi religieuse, littéralement sculpté par les cordes, à sentir Vos mains mais aussi le regard que Vous portez, Maîtresse sur mon corps de soumis, avec attention, avec rigueur, avec intensité, avec exigence. Tous les sens sont en vigilance rouge sous pilotage du centre de contrôle mental qui, bientôt, sous l’effet de toutes les hormones de plaisir sécrétées, finit par rendre son tablier et abandonner os, muscles, tendons, peau, à l’addiction de la tension, de la pression, de la multiplication de ces cordes fines. Le corps n’est plus corps, il devient corde, tendu comme un arc ou un instrument de musique dont Vous jouez, Vous Vous jouez, Magicienne Virtuose. Il n’est pas un millimètre de peau qui n’entre en la sensuelle vibration, pas un millimètre de mouvement possible qui ne soit peu à peu contraint à l’immobilité. La pesanteur devient l’apesanteur, suspension ou pas.

« Être bien pris ». C’est l’expression que Vous avez employée Maîtresse en revoyant les images de cette belle cérémonie que Vous m’avez permis de vivre sous Votre joug. C’est exactement cela. Ce sentiment à l’instant où Vous Vous reculez pour apprécier Votre œuvre et la fixer numériquement, ce sentiment d’appartenance absolue. Je dois préciser aussi, que Vous poussâtes ce sentiment d’appartenance jusqu’aux frontières de mes peurs ancestrales en me laissant seul un long moment en cette posture. La solitude angoissée du ligoté est aussi une sacrée aventure et une aventure sacrée.

Je dirai aussi l’extrême vigilance dont Vous témoignez Maîtresse Akina à Vos proies. S’il est bien question de la complice recherche de l’immobilité la plus absolue, de l’inconfort le plus âpre et parfois le plus douloureux au fil du temps, il est impensable pour Vous de laisser s’installer une ankylose, de ne pas repérer une corde qui a ripé malencontreusement sur une veine, d’admettre une gêne qui ne soit voulue par la l’experte Bondageuse que Vous êtes. Cela rompt l’harmonie du moment en sortant l’esclave du jeu, cela concerne l’intégrité physique et mentale, cela n’est juste pas possible affirmez-Vous souvent. Ceci pour expliquer qu’il y eut deux hogties successifs, le pli des cuissardes présentes lors du premier shibari ayant provoqué une ankylose des pieds. Il y eut aussi le projet que le deuxième hogtie se finalisât en suspension mais le corps de Votre serviteur, Maîtresse, réclamât grâce, épuisé par trois heures de pur bonheur.

Enfin, il y a tout ce qui ne peut se dire, ne peut se montrer, seulement se deviner entre les mots et les pixels des images… Un intime qui n’appartient qu’au moment et à ceux qui l’ont partagé, qui nourrit les souvenirs et les rêves.

Merci Maîtresse Akina.

7 Commentaires

  1. Bonjour Maîtresse.
    J’habite dans la région parisienne ; vous venez à Paris de temps en temps ?
    j’ai hâte de vous lécher les escarpins pour qu’ils brillent.
    Je consulte votre site chaque jour.

  2. Bonjour MaÎtresse Akina.
    Récit d’une cérémonie : les mots nous permettent d’imaginer ce que ce soumis a pu vivre et ressentir entre vos mains ; les photos et vidéos viennent mettre en lumière les mots de ce soumis qui semble avoir atteint une forme de nirvâna.
    En vous remerciant pour ce merveilleux partage ; je vous fais un baiser sur chacun de vos pieds en signe d’allégeance à la Reine que vous êtes.
    Et merci à ce soumis pour ce récit que l’on prend grand plaisir à lire.

  3. Divine Maîtresse,
    quel magnifique hommage que ce soumis Vous rend en narrant cette séance !
    Pour ma part, soumise vous appartenant, j’ai apprécié tout autant les mots que les images bien que… je ne peux qu’avouer avoir une préférence quand même pour les images, Votre présence leur donnant un avantage certains sur les mots.
    Nous savons toutes et tous à quel point Vous aimez jouer avec vos proies et profiter de celles-ci jusqu’à l’abandon total à Votre domination.
    Merci, Divine Maîtresse

  4. Narrateur exceptionnel, images merveilleuses, vidéos sublimes, Maîtresse Akina au top.
    A quand mon tour de désobéissance ?

  5. Bonjour ma Maîtresse.
    Merci de nous faire partager les divers destins de vos soumis.
    Vous m’utilisez depuis de nombreuses années, ma Maîtresse, je suis peut-être un de vos premiers soumis, « une » Sissy maintenant, ma Maîtresse.
    Depuis que vous m’avez reprise en mains pour mon véritable dressage vous m’avez dit que vous ferez de moi votre petite c… et s…
    C’est ce pourquoi vous m’avez dressée et c’est ce que je suis devenue ma Maîtresse.
    Le chemin n’est jamais terminé, il faut faire preuve de persévérance, de dévotion et de beaucoup d’humilité.
    Bien que vous me possédiez depuis de nombreuses années, je peux témoigner qu’on ne sait JAMAIS à quelle sauce vous allez nous dévorer ma Maîtresse.
    C’est un privilège de vous appartenir, ma Maîtresse, et c’est aussi un défi permanent, ça se mérite d’être votre esclave.
    Pour ma part je m’efforce tout simplement de vous satisfaire et de faire abstraction de mon « moi ».
    C’est simple à dire mais difficile à mettre en œuvre : mais ça fait partie de mon destin de s…
    Merci pour votre supériorité, vous êtes une Reine toute puissante.
    Je vous lèche humblement les pieds.

  6. Merci beaucoup pour ce récit. Ce n’est pas toujours facile de raconter une séance et d’expliquer les émotions ressenties. Chaque soumis est différent et je pense que nous sommes nombreux à nous demander comment chacun vit et ressent l’immobilisation, la contrainte, les différentes morsures des jeux d’impact, etc.

    Merci aussi pour la mise en ligne généreuse des photos et des vidéos.

    Bon week-end Maîtresse.
    Bon week-end soumis.

  7. Bonjour divine Maîtresse et cher soumis,

    Cette article est magnifique avec de très jolis mots et images en illustration. Je rêve d’être un bon soumis un jour et d’être à la merci de Maîtresse Akina.
    Je sais qu’elle fait du bondage avec les foulards et je rêve d’être ainsi attaché. J’espère que c’était un moment délicieux et charmant que tu as passé avec elle.

    Et les petites vidéos m’ont un peu excité, je dois l’admettre.
    À bientôt divine Maîtresse

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